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Frédéric Page, de joueur pro à directeur technique

Il a troqué son maillot pour une chemise et échangé le ballon pour le téléphone portable. Frédéric Page est l’actuel directeur technique de la Fondation Gilbert Facchinetti (FGF). Avant d’avoir posé ses crampons, l’Argovien de 38 ans a tout de même disputé plus de 400 matchs professionnels dont une bonne partie en deuxième division allemande. Retour sur son riche parcours.

Seon. Non, ce n’est pas le nom d’une ville coréenne, mais bel et bien celui du petit village argovien où Frédéric Page a fait ses armes jusqu’à l’âge de 12 ans. S’en suit le club phare cantonal du FC Aarau et puis de manière précoce, quatre ans plus tard, un engagement avec la première équipe. « Lorsque les dirigeants m’ont convoqué et m’ont dit que je ferais la saison prochaine avec le contingent professionnel, au début je n’ai pas compris », rigole Frédéric Page, 38 ans.

 

Premier match à Wembley

C’est l’amorce d’une longue carrière professionnelle qui le verra passer par sept clubs, dont trois en Allemagne. Frédéric Page a aussi fait partie des sélections nationales jusqu’aux M21 pour un total de 56 matchs. « J’ai disputé ma première partie avec les M15 suisses contre l’Angleterre, à Wembley, devant près de 15’000 personnes. C’était vraiment une expérience unique malgré la défaite trois à zéro ». Durant sa période en sélection nationale, le joueur à vocation défensive évoluera entre autres aux côtés de Ludovic Magnin, Hakan Yakin, Ricardo Cabanas, Bernt Haas ou encore Johann Vogel.

 

La deuxième Bundesliga

Le parcours de Frédéric Page est marqué par la deuxième Bundesliga avec des stations au 1. FC Union Berlin (2003-2004), à Greuther Fürth (2004-2006) ainsi qu’à Unterhaching (2006-2007). « À 23 ans, je comptais 150 matchs de ligue A avec Aarau. Je ressentais la soif de découverte d’autres horizons. Pour moi, le football c’est deux choses. Déjà de toujours viser le plus haut sportivement parlant. Mais surtout, ensuite, de se former en tant qu’individu. C’est dans cet optique que j’ai choisi d’aller à Berlin ». Une expérience qui le marquera durablement, car à son arrivée, il n’est pas titulaire. « De toute ma carrière, c’est dans les moments ou je n’ai pas joué que j’ai le plus appris. Cela m’a obligé à sortir de ma zone de confort et à me connaître moi-même », raconte Frédéric Page. « Le football est une éducation de vie comprimée. Il m’a notamment permis de relativiser et de gérer la pression en me focalisant sur mes objectifs ».

 

Le souvenir Berbatov

Il s’impose finalement au sein du collectif berlinois et poursuit ensuite sa carrière en deuxième Bundesliga. Le joueur évoluant autant centre-arrière que milieu-défensif y disputera plus de 100 matchs pour 4 buts marqués. Cette expérience lui permettra de se frotter à de sacrés joueurs. « Celui qui m’a le plus impressionné, c’est Dimitar Berbatov. Je l’ai affronté en Coupe d’Alllemagne alors qu’il jouait avec Leverkusen. C’était impressionant ! Il sentait tout, un peu comme s’il avait une deuxième tête ou comme s’il avait déjà vu le match avant à la tv », rigole Frédéric Page. À côté du football, c’est aussi en Allemagne qu’il se marie avec sa femme, Sybille. Le premier de leur enfant Mathéo (10 ans) voit le jour à Munich. Trois ans plus tard, c’est au tour de Lia (7 ans) de montrer le bout de son nez à Neuchâtel.

 

Retour en Suisse

En 2007, après avoir passé quatre ans dans le pays de Goethe, Frédéric Page revient à Aarau son club formateur. Il a alors 29 ans. Un retour au pays qui se solde par deux saisons intéressantes avec le collectif argovien (5e place). « Nous avions battu le grand FC Bâle de Christian Gross dans la phase finale du championnat où il devaient finalement perdre le titre », se remémore-il. Mais le club rechigne ensuite à prolonger son bail sur la distance. C’est donc Alain Geiger qui vient le chercher et le fait signer à Neuchâtel Xamax. « Nous avions une belle équipe avec Ideye Brown et Mario Gavranovic en attaque. À cette époque, Raphael Nuzzolo était aussi de la partie, encore tout jeune », sourit l’habitant de Suhr (AG).

 

Le vent tourne

Cette belle période prend fin avec l’arrivée de Bulat Chagaev qui achète le club rouge et noir en 2011. Après la finale de la Coupe de Suisse perdue contre le FC Sion, Frédéric Page comprend que la situation à Neuchâtel n’a plus rien à voir avec du football. « Je suis rentré à la maison après la finale de la Coupe et j’ai dit à ma femme que l’on ne pouvait pas rester ici ». Le défenseur trouve alors refuge à Lausanne pour une saison. Entre temps, Xamax coule tristement. Puis vient la période de la reconstruction et le retour de Frédéric Page. Il rejoint à nouveau l’effectif xamaxien et met à disposition son expérience au service du jeune collectif.

 

Directeur sportif

Le moment de la reconversion professionnelle a sonné. L’Argovien reprend tout d’abord les M18. Puis, fin 2014, il échange son poste avec celui d’Adrian Ursea. Le voilà à la tête de la FGF, comme directeur sportif, fonction qu’il occupe jusqu’à aujourd’hui. Actuellement, son plus gros dossier concerne les joueurs M18 sortant de la Fondation. Il s’agit de leur trouver un club pour la suite de leur carrière. « Tout doit être pris en compte. Le lieu géographique, l’école qu’ils fréquentent, leurs entourages, etc », explique Frédéric Page. Voilà justement que le téléphone sonne. « J’ai un défenseur central qui termine sa formation chez nous, il peut venir faire un entraînement d’essai ? », interroge Frédéric Page. L’homme se bat pour ses joueurs. Après avoir lui-même vécu une belle carrière footballistique quoi de plus beau que travailler à la réalisation de celles des autres ?