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Les sélections : patience et humilité indispensables

Chaque année, l’été approchant, la phase des sélections entre en jeu. Il s’agit alors de décider de qui va continuer au sein de l’équipe d’âge supérieur, et qui ne le fera pas. Cyrille Maillard, talent manager à la Fondation Gilbert Facchinetti (FGF) en est le responsable des M16 jusqu’aux M18. Un processus délicat et qui est loin d’être une Science exacte.

« Tout le monde a le droit de se tromper, j’en suis conscient », explique sans détour Cyrille Maillard. C’est à lui qu’incombe la lourde tâche d’annoncer aux joueurs s’ils sont conservés ou non dans la prochaine catégorie d’âge. Une phase qui vient de se terminer en ce qui concerne les éléments de la FGF. « Je les rencontre en tête à tête. Ce ne sont pas toujours des moments évidents. Parfois, des jeunes fondent en larmes, ou ce sont les parents ». Un aspect toutefois ne doit pas être oublié. « Nous ne sommes jamais fermés aux jeunes. À n’importe quel moment, un joueur peut demander de réaliser un test. Il est important de garder cet esprit d’ouverture », tient à préciser le Jurassien de bientôt 49 ans.

 

Peu de prévisibilité

L’Association Neuchâteloise de Football (ANF) a mis en place de son côté des sélections plus régionales avec les collectifs d’ANF Montagne et d’ANF Littoral dès les M12. Un système avec lequel la FGF collabore étroitement et qui trouve tout son sens selon Cyrille Maillard. « Un jeune de 10 ans qui habite par exemple dans le haut du canton ne devrait pas avoir à faire tous les jours des heures de trajet pour aller s’entraîner ». De fait, avant les M15, les jeunes jouent principalement au sein des leurs sélections régionales. « Il ne faut pas être trop pressé. À 10 ans, il est encore très aléatoire de procéder à des sélections. Tout le développement physiologique doit encore se faire. Il faut laisser aux jeunes le temps de grandir. De plus, chez certains, le développement est plus tardif. Donc, il s’agit d’être prudent », précise celui qui a officié comme entraîneur assistant aux côtés de Nestor Clausen au Koweït et à Oman pendant trois ans.

 

Un tout

S’il est difficile de prévoir avec exactitude le potentiel d’un joueur, le processus de sélection doit tout de même avoir lieu. « Il y a beaucoup de critères à prendre en compte. Ceux qui sont purement footballistiques, comme l’intelligence de jeu, la technique et le physique, mais aussi les autres. Dans cette dernière catégorie, mon rôle est d’apporter un regard différent par rapport aux entraîneurs. Il y a aussi l’école, l’apprentissage du métier, les études et l’environnement familial à prendre en compte », explique l’habitant de Boécourt (JU) qui insiste encore sur l’aspect mental. « C’est un élément qui fait la différence dès l’âge d’environ 16 ans. Ceux qui percent sont aussi ceux qui ont été capables de faire preuve de caractère tout en restant humble, en pensant à travailler et en gardant les pieds sur terre ».

 

Rares sont les élus

Mais cette capacité à rester humble, à se remettre en question, ne semble pas être donnée d’avance aux jeunes générations. « Certains éléments sortant des M18 peinent parfois à comprendre qu’il s’agit ensuite d’aller jouer en 2ème ligue interrégionale alors qu’ils ont été si proches de la première équipe de Neuchâtel Xamax. Le monde a changé. Aujourd’hui, les agents de joueurs sont omniprésents. Ce sont des prêcheurs de rêve, peu en phase avec la réalité. Si l’on prend l’année de naissance 2000, il y aura en Suisse en moyenne 15 joueurs qui deviendront professionnels sur 15’000 pratiquants… Il faut donc relativiser, et remettre l’église au milieu du village ». De quoi désespérer ? Non, conclut Cyrille Maillard. « Dans le foot, il n’y pas que des Messi. Il s’agit aussi d’être là au bon moment et de ne jamais oublier d’où l’on vient ». Parole de sagesse. Balle à la jeunesse.